Marie-Claude Batier : « Externaliser ses ressources humaines c’est avoir un partenaire fort sur qui compter dans la gestion sociale de son entreprise »

15 Avr. 2020

Marie-Claude Batier, la présidente de Res Humana a accepté l’invitation du magazine Vudailleurs.com pour évoquer le sujet des ressources humaines en entreprise et leur externalisation. Elle parle aussi de l’adoption de ces nouvelles pratiques par la fonction publique. Retrouvez l’interview en vidéo et ci-dessous.

 

Bonjour Marie-Claude BATIER, votre société s’appelle Res Humana.  Qu’est ce que cela signifie pour vous? 

Res Humana, en fait, ne veut pas dire résidences ou restaurants. C’est Res, ça vient du latin qui signifie la chose ou la question. En fait, Res Humana veut dire la question des hommes en latin.

Quel rôle jouez vous dans le marché de l’externalisation de la paie ?

Quand j’ai créé la société en 1997, il y a déjà un bon bout de temps, il n’y avait pas de marché sur l’externalisation de la paye et de la gestion des ressources humaines. Alors, quand on dit externalisation, tout est relatif parce qu’en en réalité la gestion des ressources humaines est dans l’entreprise.

En revanche, nous assurons un rôle de veille sociale en externe et c’est d’autant plus facile que nous gérons les payes. En nous occupant des payes, on voit tout ce qui se passe au niveau du salarié et de la relation de travail. Et on est à même de réagir assez rapidement quand on est sollicités par nos clients sur des questions de difficultés managériales ou de pré-contentieux lorsque cela arrive. Nous sommes là en tant que juristes également pour accompagner nos clients.

Qui fait appel à vous pour externaliser ses paies ?

Alors, au départ il s’agissait principalement des PME. Quelle que soit leur localisation d’ailleurs. Un de mes premiers clients, était en Guadeloupe, Martinique et Guyane. Puis on a aujourd’hui a des entreprises de tous secteurs. Notamment des toutes petites entreprises et des artisans, de deux, trois salariés. Mais la grosse majorité de nos clients ont plus de 20 salariés. Notre plus gros client en a 400. Dans ce dernier cas, on ne fait que de la paye. On n’intervient pas sur d’autres domaines parce qu’ils ont des services en interne.

Qu’est ce que ça leur apporte d’externaliser la paie?

Pour commencer, cela leur apporte une sécurité parce que l’on fait des choses sous notre responsabilité. Donc on s’engage vis à vis de nos clients à faire des paies justes. Et moi, j’ai une expérience de conseiller prud’homme et la première chose que l’on voit dans un dossier prud’homal, c’est le bulletin de paye. J’en ai vu quelques unes des fausses… On veille sur les intérêts de nos clients dans le sens où on évite qu’il y ait des redressements Urssaf. Mais s’il y en avait, ce serait de notre responsabilité. On ne paierait pas les cotisations qui seraient dues, mais on se chargerait des pénalités par exemple.

Vous avez un oeil aussi sur les salaires, est-ce qu’ils ont tendance à augmenter comme les salariés le voudraient ? 

Vous touchez du doigt un point intéressant dans notre métier, c’est que l’on est un observatoire du social. Contrairement à  ce qui peut se passer peut être dans les grands groupes, il n’y a pas de négociation sociale sur les rémunérations. Tout simplement parce que nos clients sont dans des tailles qui font qu’il y a très rarement des délégués syndicaux. Donc il n’y a pas de négociation obligatoire. Mais il y a malgré des discussions sociales qui ont lieu. Elles n’aboutissent pas nécessairement à des augmentations. En tout cas, la notion d’augmentation de salaire n’est pas quelque chose d’automatique pour se réajuster par exemple au coût de l’inflation. Non, ce n’est pas dans la pratique des PME.

Un dernier mot, peut être de l’actualité du secteur des ressources humaines en ce moment?

Écoutez, il y a une grosse évolution, en tout cas pour nous. Je ne sais pas pour d’autres sociétés qui font la même chose que nous, mais on a un gros développement sur le secteur public. On fait des paye pour l’Etat à certains endroits et puis pour des collectivités territoriales de plus en plus.

Ça veut dire qu’elles n’ont plus les ressources humaines pour le faire? 

Alors ils ont sans doute des ressources humaines pour le faire. Mais peut être pas pour faire des payes aujourd’hui parce qu’ils sont confrontés aux mêmes problématiques que les PME, c’est à dire des payes de plus en plus complexes. D’ailleurs, un petit mot sur le bulletin clarifié qui devait s’appeler simplifié mais qui n’est pas du tout simplifié. En fait, il est devenu parfaitement opaque. Sous prétexte de clarification, c’est à dire de simplification et de réduction des lignes, on est incapables de lire un bulletin de paie aujourd’hui en France.

J’imagine que le prélèvement à la source ne va pas simplifier les choses ? 

En effet, cela a certainement été un déclencheur aussi pour la fonction publique.

 

Nos autres articles

Qualité de vie au travail, il faut participer à la consultation

Qualité de vie au travail, il faut participer à la consultation

L’Etat interroge ses fonctionnaires sur leur qualité de vie au travail depuis le 8 juin 2023. On vous explique pourquoi vous devez y participer si vous faites partie d’une des trois fonctions publiques.      La fonction publique française fait l’objet d’une grande...

Les 3 défis RH des collectivités publiques en 2023

Les 3 défis RH des collectivités publiques en 2023

En matière RH, le secteur public (collectivités, établissements publics, entreprises publiques locales, groupement d’intérêt public…) doit faire face à de nombreux défis. Le premier à relever est celui de l’Optimisation pour accompagner les mutations et les parcours...