Qualité de vie au travail dans la fonction publique, comment organiser nos semaines ? (selon Musk, Guérini ou Roux de Bézieux)

07 Nov. 2023

Selon que vous préfériez croire en Elon Musk, Stanislas Guerini ou Geoffroy Roux de Bézieux, votre approche de la qualité de vie au travail peut radicalement différer. 

 

Pour Elon Musk, il y a une guerre à mener. C’est celle du télé-travail. Obligation des salariés de X (nouveau nom de Twitter) de revenir en entreprise à temps plein, déclarations fracassantes sur la productivité à distance et ceux qui la pratiquent. Il faut dire néanmoins que la Silicon Valley partait de loin et que le Covid avait tout bonnement cloîtré les gens chez eux.

Beaucoup de postes étaient maintenant à distance uniquement et vous pouviez mener votre carrière depuis vos quatre murs. Certaines entreprises comme Citibank en étaient devenus les chantres et misaient clairement sur ces perspectives pour attirer des talents. Ils y croyaient mor-di-cus et le faisaient savoir. Donc quand Musk prend la mouche et choque le monde entier en demandant aux ingénieurs de X ( ex-Twitter) de revenir au bureau, il souhaite dans un premier temps que ses collègues puissent se reconnaître quand ils se croisent. Pour autant, Musk revendique travailler entre 80 et 120h par semaine, donc on pense déjà connaître son point de vue quant à l’opportunité de passer de journées de 8h à 9h30. 

 

Car Stanislas Guérini a lancé en grande pompe une consultation des fonctionnaires des 3 branches de la fonction publique en février 2023 et il ne laisse (presqu’aucune) innovation de côté. Réorganisation des temps de travail en cycles de 35h sur 4 jours ou 70h sur 2 semaines, RTT plus souples en cas de semaine de cinq jours, télétravail, aménagement des bureaux favorables à un mode de travail hybride, mobilité entre les services. La fonction publique a besoin d’attractivité et le ministère ainsi que la DGAFP semblent être prêts à tout tant qu’il ne s’agit pas de verser de l’argent. Heureusement pour eux, et pour les fonctionnaires, il est parfois plus intéressant d’échanger une petite augmentation de salaire pour un gros changement de conditions de travail et c’est ce vers quoi privé comme public tendent. Il semble que tous les desiderata aient été demandés et soient testés.

Le ministère a-t-il un point de vue ou une identité ? Ce n’est pas certain, mais ils sont quand même aiguillés par les deux années de Covid où la planète entière a été forcée à opérer d’une manière différente et a produit un certain nombre de données aujourd’hui exploitables. Donc la fonction publique est vouée à se moderniser, peut s’appuyer sur de nombreuses données et apaiser ses craintes de baisse de productivité. Tout pour dépasser cette faible attractivité qui lui colle à la peau sans augmentation significative des frais. 

 

Alors si tout le monde semble aligné sur la nécessité de développer la qualité de vie au travail et la méthode à adopter (gagner en souplesse sur le temps travaillé). Certains membres de la classe politique française ne sont toujours pas convaincus de la nécessité d’offrir aux français de manière générale des pistes différentes pour mener à bien leurs semaines de travail. 

Et il a peut-être lui aussi raison, de tempérer les ardeurs. Si certains comptent sur la semaine de 4 jours pour stimuler les embauches, le patronat n’a aucune volonté d’ouvrir plus de poste pour autant. Le travail peut être réaménagé individuellement mais les entreprises pionnières en la matière comme LDLC (matériel informatique et high tech) ont inscrit dans leurs conditions de réussite que ces nouvelles modulations ne devaient avoir aucun impact sur la productivité de l’entreprise. 

 

Mais le MEDEF vient aussi remettre profondément en cause le bénéfice de cette semaine de 4 jours. Ils attendent des preuves que cela limiterait le burn-out et considèrent même ces journées condensées comme des accélérateurs de stress. Ils ont sûrement raison de ne pas oublier que la France fait partie des pays distribuant le plus grand nombre de congés payés loin devant les Etats-Unis qui en proposent en moyenne 10 jours par an et travaillent donc au moins 70h de plus sur l’année. 

Enfin on observe que la grande expérimentation menée au Royaume-Uni a montré que dans certains cas, ce fonctionnement était trop contraignant (notamment vis à vis de l’accueil du public). Il est alors plus judicieux de proposer au salarié des jours ponctuels mais en lui laissant une plus grande liberté pour les poser. Ce qui n’est néanmoins plus à prouver c’est que les expérimentations sur le temps de travail qu’elles se déroulent au Royaume-Uni, en Espagne ou en Belgique montrent toutes une diminution par deux des arrêts maladie. 

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