Les vagues successives de confinement et celles de télétravail obligatoire ont obligé les entreprises, particulièrement les PME, à faire des efforts considérables pour s’adapter à ce mode de fonctionnement. On constate que les salariés ont aussi à cette occasion changé leurs choix de vie, déménagé en dehors des grandes villes voire se sont délibérément éloignés de plusieurs centaines de kilomètres. Ils ont aussi remis en question leur rapport au travail pour se recentrer sur des orientations différentes de celles qu’ils avaient adoptées précédemment.
On constate depuis plusieurs mois deux phénomènes corollaires :
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Les employeurs se trouvent confrontés à une revendication montante de travailler désormais à 100 % en télétravail.
Le télétravail est le plus souvent réclamé par les salariés. Ils trouvent là le moyen d’organiser leur temps de travail comme ils le souhaitent et de dépenser moins d’argent en transport et en repas extérieurs. Alors évidemment, peu importe a priori le lieu du domicile… Pourquoi ne pas déménager à plusieurs centaines de kilomètres, là où la vie, le logement sont moins chers. Là où la qualité de vie durement éprouvée par les confinements est plus confortable ?
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Les salariés au chômage après des mois de télétravail ou d’indemnisation en chômage partiel rechignent à revenir au travail.
Dans de nombreux secteurs, la pénurie de main d’œuvre est énorme. Pas seulement dans l’hôtellerie restauration ou dans le bâtiment mais dans des secteurs pour lesquels la pénibilité n’est pas un justificatif compréhensible notamment dans le secteur tertiaire.
Le déconfinement récent juste avant la saison estivale explique en partie cette tendance. La rentrée de septembre en dira plus sur cette réalité mais il y a aussi sans doute une remise en question des trajectoires professionnelles, liée à la conscience brutale de la nécessité de faire des choix de vie plus en accord avec ses aspirations profondes.
Ceci est sans doute bénéfique du point de vue économique pour redynamiser les villes moyennes qui font face à des apports de populations. La hausse des prix de l’immobilier en témoigne. Mais contrairement à ce qui a pu se passer jadis ce ne sont pas les implantations d’entreprise qui dynamisent les territoires mais les gens qui s’y installent. Donc encore faudra-t-il que les emplois suivent ! Ceci vient s’ajouter à la pénurie de compétences et les PME dont l’activité repart de façon très dynamique se trouvent freinées dans leur élan, faute de main d’œuvre qualifiée et disponible.
Aujourd’hui les cabinets de recrutements demandent systématiquement si l’emploi proposé est éligible au télétravail. C’est considéré comme un avantage attractif pour les demandeurs d’emploi ! Cette crise de l’emploi en dehors et dans l’entreprise est-elle passagère ou bien correspond-elle à une révolution sociale en profondeur ?
En tout état de cause, il semble important de négocier et de fixer des règles qui prennent en compte ces aspirations de qualité de vie mais aussi les contraintes de l’entreprise ou de l’établissement en matière d’organisation du temps de travail.