Nous le voyons parmi nos clients, tous les secteurs ont du mal à recruter malgré un taux de chômage sans commune mesure. Sans compter qu’une fois en entreprise, les salariés sont prêts à démissionner de leurs CDI et d’une carrière assurée pour aller rechercher de l’aventure et du sens.
En fait, l’employeur était auparavant une sécurité et quand un cadre s’engageait 10 ou 15 ans dans son métier, il était reconnu et récompensé par la médaille du travail. Aujourd’hui, le nombre de médailles remises fond à vue d’oeil.
Un décalage s’est créé entre les entreprises qui gardent toujours les mêmes besoins opérationnels, qui cherchent à embaucher mais ne trouvent pas et les salariés qui ont l’impression qu’ils trouveront toujours une place quelque part et qu’ils peuvent inlassablement continuer leur quête (même si celle-ci les ramènera à leur point de départ comme cela a pu être évoqué par Le Figaro en juillet 2022 ).
On trouve par exemple des alternants, déjà en reconversion, venant d’entamer leur nouvelle formation se demander si finalement ils ne se laisseront pas le choix après quelques années en poste de partir pour encore autre chose. De leur propre aveu, ils ne savent pas ce qu’ils veulent faire et « ne souhaitent pas être enfermés ».
Cette génération à qui leurs professeurs ont dit haut et fort qu’ils ne feraient pas qu’un seul métier dans leur vie a-t-elle pris trop au pied de la lettre leurs dires ? Elle a l’air de ne plus voir sa vie que comme des successions de phases, de nouveaux départs et de réinventions.
Pourtant une carrière se construit grâce à l’expérience acquise. Les profs ont peut-être oublié de préciser à ces élèves que s’ils ne feraient pas le même travail toute leur vie, il serait bon qu’ils capitalisent sur des expériences *réussies* au moment de réfléchir à leur reconversion.
Les entreprises doivent aussi faire évoluer leurs pratiques pour continuer d’attirer
On a longtemps pensé que les entreprises étaient les seules à l’origine du mal-être des salariés. Ce n’est pas le cas et cette remise en cause des codes du travail par les salariés devrait quand même permettre aux entreprises de régler certains problèmes structurels.
D’une part, les entreprises doivent s’interroger sur la manière dont elles communiquent sur la réalité de leurs métiers et mettre en place des stratégies afin de cibler des candidats plus informés, moins volatiles et plus conscients de leurs devoirs et opportunités.
Puis il faut aussi régler le cas de certaines qui continuent à faire vivre l’enfer à leurs salariés, à leur appliquer des conditions drastiques dénuées d’humanité jusqu’à ce que le stress et le burn out s’immiscent. Il faut prendre des mesures concrètes en sorte; comme en s’assurant que les collaborateurs ne dépassent en aucun cas les 40h ou en leur permettant de poser des demi-journées afin de faire respirer leur agenda…
La notion de carrière pourrait-elle finalement disparaître ou est-ce que entreprise et salariés vont réussir à s’entendre pour qu’elles deviennent moins figées, plus évolutives au sein même des entreprises, là où les acquis ne seront pas perdus. Les entreprises pourront-elles continuer de compter, au moins à moyen terme, sur leurs collaborateurs et se projeter suffisamment dans le futur pour investir en eux ?
De notre point de vue, personne n’a intérêt que ce ne soit pas le cas.