Focus Res Humana : la vie du salarié en télétravail en 2021 (partie 1/3)

04 Déc. 2021

Quelques mois après le début du confinement, en mai 2020, les salariés se disaient conquis par le télétravail. Ils étaient 70% à ne pas vouloir revenir au bureau comme avant la crise. Plus d’un an a passé et nous voyons aujourd’hui que cet engouement s’auto-régule. Dépassement des horaires et surtravail, perte d’efficacité, perte des repères et difficultés d’intégration, les salariés ont-ils vraiment intérêt à ne plus revenir au bureau ? 

  • Burn out qui monte en flèche 

Certains l’ont senti dès le début, d’autres ne l’ont pas vu venir. Le télétravail a eu un très fort impact sur les cas de burn-out et cela ne s’arrange pas avec le temps. Les chiffres montrent qu’entre mai 2021 et octobre 2021 les cas ont augmenté de 25%. Et ce sont 45% des RHs qui estiment que le télétravail a eu un impact nocif sur la santé des salariés. Ils ont subi de plein fouet la situation et la méconnaissance des entreprises pour ces nouvelles conditions de travail. 

  • Les conditions de travail se dégradent

Car en mars 2020, les managers n’avaient que leurs méthodes de travail en présentiel auxquelles se référer. Le télétravail n’était l’affaire que de quelques uns et zoom n’était pas encore rentré dans le langage commun. Les crises ne laissent pas le temps de se préparer. Le covid n’a pas dérogé à la règle et pire, tous les services de l’entreprise ont dû faire face à la situation en même temps. Ne permettant pas aux RH de proposer un accompagnement réel. 

Les cadres ont agi dans un flou généralisé et ont tenté de reconstruire en virtuel l’environnement professionnel qu’ils connaissaient. Le plus souvent en ne prenant pas conscience (mais comment auraient-ils pu ?) que la vie professionnelle de leurs salariés allait être complètement transformée. Il ne s’agissait pas seulement d’arrêter de se voir ou de ne plus travailler à côté les uns des autres.

La sensibilité au bruit, le fait d’être parent et mère en particulier et de devoir gérer les modes de garde des enfants. Les difficultés à s’isoler, à être efficace avec un matériel non-professionnel pouvaient sembler anecdotiques face à une pandémie mondiale. Mais les salariés ont tous fini par souffrir de ces problèmes que les bureaux avaient (presque) fait disparaître.

  • Perte du lien avec les collègues 

Le manque de connaissance des collègues font que certains salariés sont en perte de repères et que d’autres n’ont même pas eu le temps de créer le moindre lien dans la société. Ils ont postulé en télé-travail, ils ont été recrutés en télé-travail puis intégrés par cette méthode. Toute la politique qui existait lors d’une prise de poste était quasi-impossible à mettre en place, que ce soit pour se voir confier des missions ou pour ne pas hériter seulement des tâches les plus ingrates du dernier arrivé.

Exit la possibilité d’échanger avec ses collègues et de pouvoir provoquer un peu le destin. C’est au moment où elle disparaît que la pause café aura peut-être finalement trouvé son utilité. Au fond, il n’y avait pas mieux pour se faire identifier de ses collègues et déminer des situations compliquées. Donc en la voyant disparaître c’est le fameux réseau qu’elle emporte avec elle.

Le salarié perd aussi une part importante de ses journées qui lui permettait un peu de créativité, de prises d’initiatives et compensait éventuellement les limitations du poste lui-même. 

  • Sentiment d’isolement en télé-travail complet sauf pour des profils spécifiques 

Cela peut-être surprenant mais à force de les utiliser, les salariés ne sont pas mis à mieux utiliser les outils de communication. Bien au contraire. Chat d’entreprise, portables et emails donnant une impression permanente de connexion où aucun relâchement n’est possible. Un appel manqué peut virer au drame, les moments de concentration et d’apaisement sans notifications, n’existent plus et donnent l’impression qu’une mauvaise nouvelle peut tomber à chaque instant. Chacun étant à la fois victime et bourreau, certains salariés ont fini par s’isoler d’abord pour tenter de retrouver une certaine concentration et ensuite ont été pris dans une spirale de doute. 


On découvre en fait que certains profils sont plus compatibles avec le télé-travail que d’autres. Ces derniers réussissent mieux à maîtriser ce rythme, y trouvent plus leur compte. Ils se mettent mieux en avant que leurs collègues et restent visibles. Il peut s’agir d’habitudes simples comme d’allumer la caméra en réunion Zoom, poster de manière régulière sur les espaces collaboratifs. 

D’autres, n’ont pas le luxe de pouvoir chercher à développer de nouvelles aptitudes et de se former en plus de leurs missions. C’est là que l’on voit apparaître la notion de surtravail, où pour que le salarié arrive au même résultat qu’auparavant, il lui sera nécessaire de fournir plus d’heures de travail et faire le même résultat (sont en cause notamment, la multiplication des réunions et leur préparation, appels et messages ne permettant pas de se faire de vraies pauses et obligeant à être tout le temps joignables). C’est particulièrement le cas chez les mères de famille dont on constate que la charge mentale a bien plus augmenté que celle des hommes. 

Les profils compatibles avec le remote sont ceux qui ont développé 6 softs skills particulières : 

  1. Bien se connaître
  2. Avoir une bonne compréhension de son entreprise
  3. Disposer de personnes ressources
  4. Percevoir les besoins d’autrui
  5. Résoudre les problèmes complexes
  6. Savoir promouvoir son travail

Ce n’est qu’en possédant ces qualités que les salariés auront une chance de continuer à s’épanouir dans leur travail de façon digitalisée.

Se réaliser malgré la distance ? Il le faudra bien, car on ne peut plus nier que le télétravail va s’intégrer à long terme dans la vie du salarié. Le virus du COVID ne va malheureusement pas disparaître de si tôt. Et quand bien même. Le fait est que le télétravail commençait déjà à se déployer avant la pandémie. S’ils sont peu à vouloir rester en full remote, on voit naître une demande de passer certains jours en télétravail et de pouvoir limiter ses déplacements pour gagner en heures de sommeil, en énergie et en concentration.

  • Le souhait de télétravail évolue avec l’âge

En réalité, le souhait du télétravail évolue avec l’âge. On constate un lien entre la maturité dans le poste, la connaissance de l’environnement professionnel et la recherche de temps de pause. A contrario, les jeunes sont moins demandeurs de télétravail. Ils ont encore de forts liens avec leurs collègues, 67% considèrent qu’ils sont aussi des amis soit 2 fois plus que les +de 50 ans.

Le choix du cadre de travail tient une place importante dans leur choix de poste et ils sont également sensibles à l’offre de repas. Plus elle sera éco-responsable, mieux cela sera. Le bureau reste pour 68% des moins de 35 ans un facteur lors de leur décision de s’engager pour une entreprise. 

Plus que de partir vivre à la campagne pour de bon et ne jamais revenir, les jeunes salariés n’imaginent pas ne plus jamais venir au bureau. Certains en souffrent au point de finir en burn out et ils préfèrent trouver des modèles hybrides. C’est d’ailleurs comme ça que le modèle des bi-résidences est né. Une maison dans une ville moyenne et des allers-retours dans une grande ville qui dureront 3-4 jours avec un pied-à-terre. On trouve un équilibre en intégrant la nouvelle technologie mais en n’abandonnant surtout pas tout ce qui a fait les marqueurs d’une vie professionnelle.

  • Idéal de 2 jours par semaine en télétravail

Ces nouveaux travailleurs pendulaires sont peut-être prescripteurs. Car les études au bout de deux ans de confinement montrent que la durée idéale de télétravail est de 2 jours par semaine. 

Assez pour réussir à se concentrer, suffisant pour ne pas se retrouvé isolés des autres et devenir l’homme ou la femme invisible du bureau. 

Et il y a d’autres avantages encore à développer ces quelques jours de télétravail. À l’heure où certaines entreprises donnent un nombre de vacances illimitées à leurs employés, celles plus traditionnelles qui ne sont pas encore arrivées là pourront se réjouir que le télétravail favorise les vacances et donne de la flexibilité aux employés pour partir changer d’air, louer une maison à la campagne, voir leurs proches. Car légalement aujourd’hui l’employeur n’a pas le droit d’obliger le salarié à travailler de chez lui. 

  • Coûts supplémentaires pour le salarié 

Si le télétravail semble être la solution aux nombreux problèmes d’une génération, il en reste un qui sera difficile à résoudre. Le télétravail a un prix et il est nécessaire de s’équiper pour pouvoir le vivre sereinement. À la fois en équipement de bureau, en matériel informatique, cela peut même aller jusqu’à l’immobilier.

Le chiffre d’affaires de Home Depot a augmenté de 10% sur 2020 et leur bénéfice était en forte hausse. Les agences immobilières prédisent un futur où l’appartement disposera d’une pièce supplémentaire dédiée au télétravail. Mais quid de l’augmentation des frais et des loyers? Sans compter qu’il existe de fortes disparités de prises en charge selon les employeurs et que rien n’assure que le salarié ne perdra pas en pouvoir d’achat. 

Si on a effectivement plus de temps pour partir de chez soi, encore faut-il avoir les moyens de se les offrir. Le télétravail permet-il à l’employeur de réaliser suffisamment d’économies qui pourront se répercuter sur le salarié ensuite ? Telle est la question !

Vous venez de lire la première partie de notre focus Res Humana sur le télétravail. Le mois prochain, nous traiterons du télétravail du point de vue de l’entreprise. Car malgré les contraintes, cette situation crée aussi beaucoup de nouvelles opportunités !

Sources : 

 

https://www.ladepeche.fr/2021/05/26/teletravail-les-salaries-ne-veulent-plus-revenir-au-bureau-a-100-9566806.php

https://www.journaldunet.com/management/ressources-humaines/1506569-le-teletravail-est-il-la-pour-perdurer/

https://rh.newstank.fr/article/view/218351/45-rh-estiment-teletravail-impact-nocif-sante-salaries-ifop-bos.html

https://www.slate.fr/story/218733/burn-out-depression-travail-millions-france-teletravail

https://www.ifop.com/publication/la-sensibilite-au-bruit-dans-son-environnement-professionnel-entre-teletravail-et-retour-sur-site/

https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/avec-la-pandemie-et-le-teletravail-les-meres-sont-passees-a-la-triple-journee-20210622_BEVKQWBN7NBEBI5DY2U6MD5WA4/

https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2020/10/Enquête-Ifop-JNA-Comprendre-la-parole-au-travail-un-défi-Présentation-6-octobre.pdf

https://lactualite.com/techno/le-cyberharcelement-au-temps-du-teletravail/

https://go.mooncard.co/etude-ifop-charge-mentale-en-entreprise-2021

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/relations-sociales-lien-collegues-teletravail-remote-isolement

https://www.welcometothejungle.com/fr/collections/guides-salaries/digital-nomade-full-remote-avenir-travail/articles/sociologie-100-teletravail-bouleversements

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/profil-compatible-remote

https://www.causeur.fr/teletravail-quand-on-ne-rentre-plus-du-boulot-215368

https://www.welcometothejungle.com/fr/collections/guides-salaries/digital-nomade-full-remote-avenir-travail/articles/full-remote-aveu-echec-entreprises

https://www.welcometothejungle.com/fr/collections/guides-salaries/digital-nomade-full-remote-avenir-travail/articles/teletravail-doit-il-etre-la-norme-pour-ou-contre

https://www.bfmtv.com/economie/emploi/plus-de-70-des-salaries-en-teletravail-veulent-continuer-a-y-avoir-recours-apres-le-confinement_AN-202005110279.html

https://www.lepoint.fr/economie/sondage-la-majorite-des-salaries-croit-auxbienfaits-du-bureau-21-10-2021-2448750_28.php

https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/03/24/jerome-fourquet-les-modeles-de-biresidences-vont-se-developper-chez-les-jeunes-cadres_6074256_4401467.html

https://www.challenges.fr/emploi/les-jeunes-salaries-franciliens-sont-moins-demandeurs-de-teletravail-que-leurs-aines_785672

https://leparticulier.lefigaro.fr/article/le-teletravail-favorise-les-vacances

https://www.lejdd.fr/JDD-Paris/pour-les-salaries-franciliens-la-frequence-ideale-de-teletravail-est-de-22-jours-par-semaine-4072678

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/serons-nous-tous-en-full-remote-dans-le-futur

https://www.lefigaro.fr/flash-eco/home-depot-le-chiffre-d-affaires-grimpe-de-pres-de-10-benefice-en-forte-hausse-20211116

https://www.businessimmo.com/contents/132042/bureau-mon-beau-bureau

https://www.effy.fr/magazine/sondage-ifop-teletravail-confinement-logement

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